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Biographie d'Albert Gérard

Albert Gérard a été élève aux Roches, élève en particulier d'André Charlier, aux Pins de 1928 à 1940, puis professeur de dessin à Maslacq de 1948 à 1951. Ensuite, il suivra André Charlier à Clères où il enseigna encore le dessin de 1951 à 1960.

L'étudiant

Henri Charlier

« Pendant les leçons de solfège (on avait décrété que je chantais faux), on me mettait au fond de la classe et on me laissait dessiner. C'est ainsi que n'ai jamais appris le solfège !

En 1943, j'étais en seconde année de médecine. J'avais vingt-deux ans. Je m'étais embarqué dans la carrière médicale qui était celle de ma famille, mais je continuais à dessiner, travaillant dans un petit atelier tenu par une artiste avenue de Wagram. Elle peignait des miniatures sur ivoire. Les deux premières années de médecine sont terribles parce qu'elles sont basées uniquement sur la mémorisation, et je n'étais pas un foudre de travail, aussi lorsqu'en 43 j'ai perdu mon père j'ai laissé tombé la médecine pour l'art.

À ce moment-là j'ai demandé conseil à André Charlier, qui m'a envoyé auprès de son frère sculpteur, dont il parlait d'ailleurs assez peu, pour savoir si je pouvais m'engager dans cette voie. J'ai pris le train jusqu'à Estissac, dans l'Yonne, et je suis monté à pied au Mesnil Saint Loup sous une pluie battante, avec mon carton sous le bras. Henri Charlier m'avait demandé d'apporter surtout ce qui ne me satisfaisait pas, car on est mauvais juge de soi-même. Il m'a encouragé à poursuivre, me donnant le conseil suivant : n'entrez pas aux Beaux Art, vous n'y apprendrez rien. Lui-même y était resté très peu de temps. Il s'en était vite échappé parce qu'à cette époque-là, les Beaux Arts, c'était l'imitation, l'académie poussée à l'extrême avec l'estompe. L'estompe était reine, et la construction par la lumière beaucoup plus que par le trait. Il m'a dit : entrez dans un atelier avec un bon professeur, et venez me voir de temps à autre. À cette époque il n'avait plus d'élèves à demeure chez lui.

C'est comme ça que je me suis dirigé vers la Grande Chaumière qui avait un passé prestigieux et encore d'excellents professeurs : Émile Othon Friesz pour la peinture, Despiau pour la sculpture. Leur enseignement était réputé. Aujourd’hui la Grande Chaumière n'est plus grand-chose. »

Le professeur de dessin à Maslacq et Clères

Albert Gérard (debout avec lunettes) entouré de quelques élèves en compagnie de Mr et Mme Charlier (1951)

« En 1948 je suis parti dans les Pyrénées à l'école de Maslacq pour des raisons personnelles. Friesz, qui n'avait que soixante-dix ans, est mort subitement peu après. Ce départ à Maslacq a été un changement brutal. J'étais parti pour un an, et je suis resté douze ans comme professeur de dessin auprès d'André Charlier. L'enseignement du dessin aux enfants est assez délicat parce qu'il faut corriger tout en sauvegardant ce qu'il y a de personnel. J'ai continué à travailler la peinture, bien sûr.

Nous avions dans notre groupe un garçon qui avait fait l'école Estienne : il m'a mis sur la voie du graphisme et de la publicité. Il y avait alors de grands affichistes.

La typographie, également, dont j'ai vécu les dernières heures. L'école éditait une revue qui s'appelait Les Cahiers de Maslacq (elle est devenue Questions quand on a déménagé à Clères, en Normandie). On travaillait dans la grande imprimerie de Rouen avec les typographes. Ce fut pour moi passionnant. Chaque ouvrier typographe avait non seulement sa machine mais aussi son marbre, ses plombs. Ils avaient en général un sens artistique très fort. La typographie est un art perdu : les rotatives l'ont tuée. C'est dommage, car une machine, si subtile soit-elle, ne remplace pas la main ni le choix. Quand on compose, il faut toujours transiger avec les ponctuations, les coupures de mots, pour respecter le principe du pavé.

En dehors de cette revue, j'ai eu l'occasion de composer un livre de Dom Gérard, en collaboration avec les frères Mérat, restés fidèles à la typographie, ce qui ne les a pas enrichis. Suivant Paul Valéry, il y a le livre vu et le livre lu, le premier étant presque aussi important que le second. Les frères Mérat travaillaient dans cet esprit. »

L'antiquaire

« Lorsque André Charlier a pris sa retraite en 1960, j'ai quitté l'école et j'ai cherché un job qui me permette de vivre tout en continuant à peindre. Il faut préserver son indépendance : on évite ainsi de passer par la filière du commerce, des marchands d'art, et encore faut-il pouvoir y entrer. Je me suis toujours intéressé à la décoration et aux antiquités. J'ai pris un stand au marché Biron, qui a l'avantage de n'ouvrir que trois jours par semaine. J'ai continué la peinture, l'illustration (un missel, un catéchisme), et la calligraphie. J'ai appris à dessiner la lettre au pinceau et non à la plume, ce qui était possible car j'avais une vue au dixième de millimètre. »

La retraite au Barroux

En 1980, en compagnie de Clotilde Devillers, il fonde l'Atelier de la Sainte Espérance, d'abord à Paris. En 84, l'atelier reçoit une commande pour une fresque destinées à décorer la crypte du monastère du Barroux alors en construction.

Cette commande fut le prétexte pour déménager l'atelier sur place, au Barroux. Albert Gérard s'installe alors dans une maison au village du Barroux. En 86, l'atelier et ses élèvent s'intallent définitivement au monastère.

Albert Gérard s'est éteint le 18 novembre 2011 à l'âge de 91 ans au Barroux.

 

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